Cyrards de tous les temps tombés pour la Patrie,
Elle est fière de vous, Celle que l'on prie ;
Vous la connaissez bien, et ses voiles vermeil
Sont venus resplendir souvent sous nos soleils
Et parfumer notre air : on l'appelle "Victoire".
Chez nous elle est plus vieille encore que l'histoire.
La main du vieux Turenne et celle de Villars
Se posèrent jadis sur ses cheveux épars,
Le Grand Roi les roula sur ses phalanges souples.
Bonaparte à son gré les fit frises en boucles.
Plus tard, à Reischhoffen, quand notre cuirassier
Dans les balles ruait sa poitrine d'acier,
Ils flambaient au galop, et parmi la bourrasque
En guise de cimetière au sommet de son casque.
Ô toi qui sans compter, dans toutes nos promos,
Pour ce temple a cueilli ta moisson de héros,
Toi qu'on sentait passer sur les Champs Elysées
Et sur l'Arc de Triomphe aux piles pavoisées,
Ce quatorze juillet, lorsque trois Maréchaux
Conduisaient dans Paris des milliers de drapeaux,
Déesse aux cheveux d'or, ô sublime inconnue,
Qui comme rendez-vous assigne la nue,
Que de noms merveilleux sur ces drapeaux fanés,
Dont t'avaient revêtue autrefois nos aînés.
Si nos Morts ont rendu, dans la dernière guerre,
Ta robe aux trois couleurs plus belle que naguère,
Leurs Cadets à Saint-Cyr rêveront aux grands mots
Que ta main brodera sur les nouveaux drapeaux.
Jean des Vallières (1913-1914)