Bien que ce texte ne soit pas véritablement de tradition, il a sa place ici pour sa beauté, sa simplicité. En espérant que vous prendrez plaisir à (re)découvrir ce texte, dont l'auteur est inconnu.
Le Bon Dieu était en train de créer un modèle de femme de militaire et en était à son sixième jour de travail supplémentaire, quand un ange apparut.
Il dit : "Seigneur, il semble que vous avez là beaucoup de soucis. Qu'est-ce qui ne va pas avec ce modèle ?"
Le Seigneur répondit : "Avez-vous vu les instructions concernant cette commande ? Cette femme doit être totalement indépendante, posséder les qualités à la fois du père et de la mère, être une parfaite hôtesse pour quatre invités comme pour quarante, et ce avec une heure de préavis, parer à toute urgence sans manuel, être capable de poursuivre ses activités allègrement même si elle est enceinte et grippée, vouloir bien déménager dans un nouvel endroit dix fois en dix-sept ans, et surtout avoir quatre bras."
L'ange secoua la tête : "Quatre bras ! Impossible !"
Le Seigneur poursuivit : "Ne vous en faites pas, nous ferons d'autres femmes de militaires pour l'aider. Et nous la doterons d'un coeur énorme pour qu'il puisse se gonfler de fierté au récit des exploits de son mari, supporter la douleur des séparations, continuer à se battre régulièrement quand elle est débordée ou fatiguée, et assez grand pour dire "je comprends" même si elle ne comprend pas et dire "je t'aime" sans réserve."
"Seigneur" dit l'ange en lui touchant le bras doucement, "allez vous coucher et prenez un peu de repos, vous pourrez terminer demain."
"Je ne peux pas m'arrêter maintenant" dit le Seigneur, "Je suis si près de réussir à créer quelque chose d'unique. Déjà ce type de femme se guérit toute seule quand elle est malade, peut héberger six invités imprévus pour le week-end, dire au revoir à son mari sur un quai, sur une piste ou dans une gare, et comprendre pourquoi il est important qu'il parte."
L'ange fit le tour du modèle, du modèle de femme de militaire, l'examina de près et soupira : "Elle a l'air bien, mais elle semble fragile."
"Elle a l'air peut-être fragile", répliqua le Seigneur, "mais elle possède la force du lion ! Vous n'imaginez pas tout ce qu'elle est capable d'endurer."
Finalement l'ange se pencha et fit glisser son doigt sur la joue de la création de Dieu. "Il y a une fuite", annonça-t-il, "et je ne suis pas surpris qu'il y ait une fissure, vous essayez d'en mettre tant dans ce modèle !"
Le Seigneur parut offensé par le manque de confiance de l'ange : "Ce que vous voyez là n'est pas une fuite, mais une larme."
"Une larme ! Pourquoi donc ?" demanda l'ange.
Le Seigneur répondit : "C'est pour la joie, la tristesse, la douleur, la déception, la solitude, la fierté, et c'est une dédicace à toutes les valeurs auxquelles son mari et elle-même sont attachés."
"Vous êtes un génie !" s'exclama l'ange.
Le Seigneur parut embarrassé : "Ce n'est pas moi qui l'ait mise là" dit-il...